Les "refus" (1) ou autres "latrines" (2) sont conservées en l’état, profitant à nombre d'insectes et autres invertébrés.
Le pâturage naturel implique qu’aucune intervention « traditionnelle » ne soit pratiquée sur les animaux. Il s’agit en particulier des traitements contre les parasites externes et surtout internes (antihelminthiques) qui sont particulièrement toxiques pour la petite faune coprophage dont l’empoisonnement impacte une grande partie de la chaîne alimentaire. Les supplémentations alimentaires (affouragement) doivent être limitées aux circonstances exceptionnelles telles qu’un fort enneigement ou une sécheresse drastique pouvant affecter la survie des animaux. Seule, la mise à disposition de pierres à sel reste souhaitable.
Le pâturage naturel nécessite cependant des surfaces suffisamment importantes afin que les animaux puissent se répartir sur les différents secteurs en fonction des saisons et des facteurs limitants (inondations, …), évitant ainsi une surexploitation du milieu et les risques d’infestation parasitaire. Au-delà de la surface, une bonne diversité des essences végétale est également souhaitable, en particulier pour ce qui est de la strate arbustive ou arborée dans la mesure où celle-ci peut recéler des substances (tanins, alcaloïdes, …) qui peuvent être utilisée par les animaux pour s’auto déparasiter.
Mais si l’absence d’intervention est relativement facile à appliquer pour les cervidés, et aussi pour les équins, elle est plus difficile à respecter pour les bovins, qu’ils soient domestiques ou sauvages (bison), étant données les réglementations sanitaires qui prévalent en Europe concernant ces animaux pouvant être vecteurs de maladies très surveillées par les autorités (brucellose, tuberculose bovine, …). Sur certaines grandes réserves des Pays Bas, des dérogations sanitaires ont pu être obtenues lorsque les animaux totalement ensauvagés évoluent sur de grandes superficies. Dans ce type de contexte, les cadavres peuvent également être laissés sur place au profit d’un cortège de nécrophages dont certains représentants, en particulier chez les invertébrés, ont été décimés par les pratiques « hygiénistes » modernes qui prévalent dans le monde de l’élevage [en savoir plus].
Néanmoins, dans le cadre d’une réserve clôturée où les grands prédateurs sont absents, une intervention reste nécessaire : le contrôle démographique des troupeaux. Mais dans le cas de la grande réserve d’Oostvaardersplassen, le choix du gestionnaire a été de ne pas intervenir également sur ce plan. L’autorégulation des grands troupeaux présents a longtemps reposé sur la disette entrainant la mort des animaux les plus faibles en fin d’hiver. Ce « laisser faire » a finalement été abandonné suite aux réactions des défenseurs des animaux (voir Oostvaardersplassen).
(1)Touffes de végétation herbacée non consommée par les bovins
(2)Zones de prairie où les chevaux déposent leurs crottins et dont la végétation n’est pas consommée pour éviter l’infestation parasitaire